Chapitre I Arrivée dans la forêt :
J’ai été indésirable dès ma naissance. Ni les Bipèdes de ma mère, ni elle-même ne voulaient de moi. Ma mère était une magnifique chatte, à laquelle ses Bipèdes trouvaient plus de valeur qu’aux autres chats. Son souvenir s’estompe dans ma mémoire, mais je crois me souvenir qu’elle était grise perle. Moi, à l’époque, je n’étais qu’une petite boule de poils crème avec des yeux bleus. Mes poils crème étaient si longs qu’on remarquait à peine le gris de mon visage et de mes pattes.
Du peu que je comprenais du langage des Bipèdes ils ne savaient pas ce qu’ils voulaient faire de moi. Ma mère me laissait à peine téter, ses maîtres ne faisaient pas attention à moi ou me regardaient avec mépris ou agacement. Comme je mourrais de faim, un jour, j’ai essayé de prendre un peu de lait dans l’assiette de ma mère, mais un bon coup de patte me remit à ma place.
J’avais moins d’une demi-lune quand les Bipèdes me jetèrent dans le monstre qu’ils utilisaient souvent en direction de la forêt. Soudain, le monstre s’arrêta, me propulsant par terre. Ils ouvrirent la porte m’attrapèrent par la peau du cou et me jetèrent par terre. La porte du monstre claqua et il partit en trombe.
Esseulée, je fis quelques pas. La forêt et tous ses bruits et ses odeurs m’attiraient et m’effrayaient à la fois. Un mouvement m’attira. Une forme poilue sombre avançait doucement vers moi. Curiosité de petit oblige, je m’avançais vers le chat inconnu. La forme s’approchait. Une chatte écaille sortit du couvert des fougères.